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LA FAUTE DE L’ABBÉ MOURET.

du bout des doigts, riant de les voir tous là, en tas, comme amoureux d’elle. Puis, se serrant contre son frère, l’accompagnant au jardin :

— Je voudrais une vache, lui dit-elle à l’oreille, toute rougissante.

Il la regarda, refusant déjà du geste.

— Non, non, pas maintenant, reprit-elle vivement. Plus tard, je t’en reparlerai… Il y aurait de la place dans l’écurie. Une belle vache blanche, avec des taches rousses. Tu verrais comme nous aurions du bon lait. Une chèvre, ça finit par être trop petit… Et quand la vache ferait un veau !

Elle dansait, elle tapait des mains, tandis que le prêtre retrouvait en elle la basse-cour qu’elle avait emportée dans ses jupes. Aussi la laissa-t-il au fond du jardin, assise par terre, en plein soleil, devant une ruche dont les abeilles ronflaient comme des balles d’or sur son cou, le long de ses bras nus, dans ses cheveux, sans la piquer.