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Page:Zola - La Faute de l'abbé Mouret.djvu/88

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LES ROUGON-MACQUART.

rir à quatre pattes, dans un fourré, du côté de la Palud.

— À quatre pattes, murmura la servante, qui se tourna vers la fenêtre, prise d’inquiétude.

L’abbé Mouret voulut émettre un doute ; mais le Frère s’emporta.

— Oui, à quatre pattes ! Et elle sautait comme un chat sauvage, les jupes troussées, montrant ses cuisses. J’aurais eu un fusil que j’aurais pu l’abattre. On tue des bêtes qui sont plus agréables à Dieu… Et, d’ailleurs, on sait bien qu’elle vient miauler toutes les nuits autour des Artaud. Elle a des miaulements de gueuse en chaleur. Si jamais un homme lui tombait dans les griffes, à celle-là, elle ne lui laisserait certainement pas un morceau de peau sur les os.

Et toute sa haine de la femme parut. Il ébranla la table d’un coup de poing, il cria ses injures accoutumées :

— Elles ont le diable dans le corps. Elles puent le diable ; elles le puent aux jambes, aux bras, au ventre, partout… C’est ce qui ensorcèle les imbéciles.

Le prêtre approuva de la tête. La violence de Frère Archangias, la tyrannie bavarde de la Teuse, étaient comme des coups de lanières, dont il goûtait souvent le cinglement sur ses épaules. Il avait une joie pieuse à s’enfoncer dans la bassesse, entre ces mains pleines de grossièretés populacières. La paix du ciel lui semblait au bout de ce mépris du monde, de cet encanaillement de tout son être. C’était une injure qu’il se réjouissait de faire à son corps, un ruisseau dans lequel il se plaisait à traîner sa nature tendre.

— Il n’y a qu’ordure, murmura-t-il, en pliant sa serviette.

La Teuse desservait la table. Elle voulut enlever l’assiette, où Désirée avait posé le nid de merles.

— Vous n’allez pas coucher là, mademoiselle, dit-elle. Laissez donc ces vilaines bêtes.

Mais Désirée défendit l’assiette. Elle couvrait le nid de