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Page:Zola - Le Capitaine Burle et 5 autres nouvelles.djvu/115

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plus. Ses fils hochent la tête. Sa fille tâche de le retenir à la maison. Il s’obstine, et on le fait accompagner par Jacquinet, pour que l’enfant crie, si le grand-père tombe.

— Que fais-tu là, paresseux ? demande Jean-Louis au gamin, qui ne le quitte pas. À ton âge, je gagnais mon pain.

— Grand-père, je vous garde, répond l’enfant.

Ce mot donne une secousse au vieillard. Il n’ajoute rien. Le soir, il se couche et ne se relève plus. Quand les fils et la fille vont aux champs, le lendemain, ils entrent voir le père, qu’ils n’entendent pas remuer. Ils le trouvent étendu sur son lit, les yeux ouverts, avec un air de réfléchir. Il a la peau si dure et si tannée, qu’on ne peut pas savoir seulement la couleur de sa maladie.

— Eh bien ? père, ça ne va donc pas ?

Il grogne, il dit non de la tête.

— Alors, vous ne venez pas, nous partons sans vous ?

Oui, il leur fait signe de partir sans lui. On a commencé la moisson, tous les bras sont nécessaires. Peut-être bien que, si l’on perdait une matinée, un orage brusque emporterait les gerbes. Jacquinet lui-même suit sa mère et ses oncles. Le père Lacour reste seul. Le soir, quand les enfants