Page:Zola - Le Capitaine Burle et 5 autres nouvelles.djvu/128

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demi-heures, le pas traînard d’un passant fait aboyer un chien, derrière la porte d’une écurie ; et l’émotion de ce coin perdu est encore le passage régulier, deux fois par jour, des officiers qui se rendent à leur pension, une table d’hôte de la rue Beau-Soleil.

C’était dans la maison d’un jardinier, à gauche, que demeurait Julien Michon. Le jardinier lui avait loué une grande chambre, au premier étage ; et, comme cet homme habitait l’autre façade de la maison, sur la rue Catherine, où était son jardin, Julien vivait là tranquille, ayant son escalier et sa porte, s’enfermant déjà, à vingt-cinq ans, dans les manies d’un petit bourgeois retiré.

Le jeune homme avait perdu son père et sa mère très jeune. Autrefois, les Michon étaient bourreliers aux Alluets, près de Mantes. À leur mort, un oncle avait envoyé l’enfant en pension. Puis, l’oncle lui-même était parti, et Julien, depuis cinq ans, remplissait à la poste de P… un petit emploi d’expéditionnaire. Il touchait quinze cents francs, sans espoir d’en gagner jamais davantage. D’ailleurs, il faisait des économies, il n’imaginait point une condition plus large ni plus heureuse que la sienne.