Page:Zola - Le Capitaine Burle et 5 autres nouvelles.djvu/152

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et il demeurait torturé d’angoisse, le cœur meurtri, sans qu’il sût pourquoi. Après cet ébranlement brutal, la maison retombait dans une telle mort, qu’il avait peur de ce silence. Longtemps, il ne put distinguer quel bras fermait ainsi la fenêtre ; mais, un soir, il aperçut les mains pâles de Thérèse ; c’était elle qui tournait l’espagnolette d’un élan si furieux. Et, lorsque, une heure plus tard, elle rouvrait la fenêtre, mais sans hâte, pleine d’une lenteur digne, elle paraissait lasse, s’accoudait un instant ; puis, elle marchait au milieu de la pureté de sa chambre, occupée à des futilités de jeune fille. Julien restait la tête vide, avec le continuel grincement de l’espagnolette dans les oreilles.

Un soir d’automne, par un temps gris et doux, l’espagnolette eut un grincement terrible. Julien tressaillit, et des larmes involontaires lui coulèrent des yeux, en face de l’hôtel lugubre que le crépuscule noyait d’ombre. Il avait plu le matin, les marronniers à moitié dépouillés exhalaient une odeur de mort.

Cependant, Julien attendait que la fenêtre se rouvrit. Elle se rouvrit tout d’un coup, aussi rudement qu’elle s’était fermée. Thérèse parut. Elle était toute blanche, avec des yeux très grands, les cheveux tombés dans son cou.