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Page:Zola - Le Capitaine Burle et 5 autres nouvelles.djvu/154

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dor, traversa une première pièce, se trouva enfin dans une chambre qu’il reconnut. C’était le paradis rêvé, la chambre aux rideaux de soie rose. Le jour s’y mourait avec une douceur lente. Il fut tenté de se mettre à genoux. Cependant, Thérèse se tenait devant lui toute droite, les mains serrées fortement, si résolue, qu’elle restait victorieuse du frisson dont elle était secouée.

— Vous m’aimez ? demanda-t-elle d’une voix basse.

— Oh ! oui, oh ! oui, balbutia-t-il.

Mais elle eut un geste, pour lui défendre les paroles inutiles. Elle reprit, d’un air hautain qui semblait rendre ses paroles naturelles et chastes, dans sa bouche de jeune fille :

— Si je me donnais, vous feriez tout, n’est-ce pas ?

Il ne put répondre, il joignit les mains. Pour un baiser d’elle, il se vendrait.

— Eh bien ! j’ai un service à vous demander.

Comme il restait imbécile, elle eut une brusque violence, en sentant que ses forces étaient à bout, et qu’elle n’allait plus oser. Elle s’écria :

— Voyons, il faut jurer d’abord… Moi je jure de tenir le marché… Jurez, jurez donc !

— Oh ! je jure ! oh ! tout ce que vous vou-