Page:Zola - Le Capitaine Burle et 5 autres nouvelles.djvu/165

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riant l’un l’autre à voix basse, d’autant plus tremblants de colère, qu’ils ne pouvaient céder à l’envie de crier et de se battre.

Justement, un soir, avant le dîner, Colombel était venu. Puis, comme il marchait par la chambre, nu-pieds encore et en manches de chemise, il avait eu l’idée de saisir Thérèse, de la soulever ainsi que font les hercules de foire, au début d’une lutte. Thérèse voulut se dégager, en disant :

— Laisse, tu sais que je suis plus forte que toi. Je te ferais du mal.

Colombel eut un petit rire.

— Eh bien ! fais-moi du mal, murmura-t-il.

Il la secouait toujours, pour l’abattre. Alors, elle ferma les bras. Ils jouaient souvent à ce jeu, par un besoin de bataille. Le plus souvent, c’était Colombel qui tombait à la renverse sur le tapis, suffoqué, les membres mous et abandonnés. Il était trop petit, elle le ramassait, l’étouffait contre elle, d’un geste de géante.

Mais, ce jour-là, Thérèse glissa sur les genoux, et Colombel, d’un élan brusque, la renversa. Lui, debout, triomphait.

— Tu vois bien que tu n’es pas la plus forte, dit-il avec un rire insultant.