Page:Zola - Le Capitaine Burle et 5 autres nouvelles.djvu/166

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Elle était devenue livide. Elle se releva lentement, et, muette, le reprit, agitée d’un tel tremblement de colère, que lui-même eut un frisson. Oh ! l’étouffer, en finir avec lui, l’avoir là inerte, à jamais vaincu ! Pendant une minute, ils luttèrent sans une parole, l’haleine courte, les membres craquant sous leur étreinte. Et ce n’était plus un jeu. Un souffle froid d’homicide battait sur leurs têtes. Il se mit à râler. Elle, craignant qu’on ne les entendît, le poussa dans un dernier et terrible effort. La tempe heurta l’angle de la commode, il s’allongea lourdement par terre.

Thérèse, un instant, respira. Elle ramenait ses cheveux devant la glace, elle défripait sa jupe, en affectant de ne pas s’occuper du vaincu. Il pouvait bien se ramasser tout seul. Puis, elle le remua du pied. Et, comme il ne bougeait toujours pas, elle finit par se pencher, avec un petit froid dans les poils follets de sa nuque. Alors, elle vit le visage de Colombel d’une pâleur de cire, les yeux vitreux, la bouche tordue. À la tempe droite, il y avait un trou ; la tempe s’était défoncée contre l’angle de la commode. Colombel était mort.

Elle se releva, glacée. Elle parla tout haut, dans le silence.

— Mort ! le voilà mort, à présent !