Page:Zola - Le Capitaine Burle et 5 autres nouvelles.djvu/173

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après l’horrible crise qu’elle venait de traverser ? Était-ce un remords écrasé, un regret de cet amant endormi du dernier sommeil ? S’occupait-elle tranquillement de mûrir son plan de salut, ou bien cachait-elle le ravage de la peur sur sa face noyée d’ombre ? Il ne pouvait le deviner.

La pendule sonna, au milieu du grand silence. Alors, Thérèse se leva lentement, alluma les bougies de sa toilette ; et elle apparut dans son beau calme accoutumé, reposée et forte. Elle semblait avoir oublié le corps vautré derrière les rideaux de soie rose, allant et venant du pas tranquille d’une personne qui s’occupe, dans l’intimité close de sa chambre. Puis, comme elle dénouait ses cheveux, elle dit sans même se retourner :

— Je vais m’habiller pour cette fête… Si l’on venait, n’est-ce pas ? vous vous cacheriez au fond de l’alcôve.

Il restait assis, il la regardait. Elle le traitait déjà en amant, comme si la complicité sanglante qu’elle mettait entre eux, les eût habitués l’un à l’autre, dans une longue liaison.

Les bras levés, elle se coiffa. Il la regardait toujours avec un frisson, tant elle était désirable, le dos nu, remuant paresseusement dans l’air ses coudes délicats et ses mains effilées, qui enrou-