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Page:Zola - Le Capitaine Burle et 5 autres nouvelles.djvu/181

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— Je marche devant vous, murmura rapidement Thérèse. Je vous tiens par votre paletot, vous n’aurez qu’à vous laisser guider. Et avancez doucement.

Il fallait passer d’abord par la chambre de Françoise. C’était l’endroit terrible. Ils avaient traversé la pièce, lorsque l’une des jambes du cadavre alla heurter une chaise. Au bruit, Françoise se réveilla. Ils l’entendirent qui levait la tête, en mâchant de sourdes paroles. Et ils restaient immobiles, elle collée à la porte, lui écrasé sous le poids du corps, avec la peur que la mère ne les surprît charriant son fils à la rivière. Ce fut une minute d’une angoisse atroce. Puis, Françoise parut se rendormir, et ils s’engagèrent dans le corridor, prudemment.

Mais, là, une autre épouvante les attendait. La marquise n’était pas couchée, un filet de lumière glissait par sa porte entr’ouverte. Alors, ils n’osèrent plus ni avancer ni reculer. Julien sentait que le petit Colombel lui échapperait des épaules, s’il était forcé de traverser une seconde fois la chambre de Françoise. Pendant près d’un quart d’heure, ils ne bougèrent plus ; et Thérèse avait l’effroyable courage de soutenir le cadavre, pour que Julien ne se fatiguât pas. Enfin le filet de lumière s’effaça,