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Page:Zola - Le Capitaine Burle et 5 autres nouvelles.djvu/180

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ses joues. Elle ne parla pas, posa le bougeoir, s’assit en face de Julien. Pendant une demi-heure encore, ils attendirent, ils se regardèrent.

Les portes avaient battu, l’hôtel s’endormait. Mais ce qui inquiétait Thérèse, c’était surtout le voisinage de Françoise, cette chambre où logeait la vieille femme. Françoise marcha quelques minutes, puis son lit craqua, elle venait de se coucher. Longtemps, elle tourna entre ses draps, comme prise d’insomnie. Enfin une respiration forte et régulière vint à travers la cloison.

Thérèse regardait toujours Julien, gravement. Elle ne prononça qu’un mot.

— Allons, dit-elle.

Ils tirèrent les rideaux, ils voulurent rhabiller le cadavre du petit Colombel, qui avait déjà des raideurs de pantin lugubre. Quand cette besogne fut faite, leurs tempes à tous deux étaient mouillées de sueur.

— Allons ! dit-elle une seconde fois.

Julien, sans une hésitation, d’un seul effort, saisit le petit Colombel, et le chargea sur ses épaules, comme les bouchers chargent les veaux. Il courbait son grand corps, les pieds du cadavre étaient à un mètre du sol.