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Page:Zola - Le Capitaine Burle et 5 autres nouvelles.djvu/194

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ouvrant sur un des rares jardins que la pioche des démolisseurs a épargnés ! Mais le plus grand nombre désespère de cette heureuse chance. Le dimanche, la population, qui étouffe, en est réduite à faire plusieurs kilomètres à pied, pour aller voir la campagne, du haut des fortifications.


II


Cette promenade aux fortifications est la promenade classique du peuple ouvrier et des petits bourgeois. Je la trouve attendrissante, car les Parisiens ne sauraient donner une preuve plus grande de leur passion malheureuse pour l’herbe et les vastes horizons.

Ils ont suivi les rues encombrées, ils arrivent éreintés et suants, dans le flot de poussière que leurs pieds soulèvent ; et ils s’asseoient en famille sur le gazon brûlé du talus, en plein soleil, parfois à l’ombre grêle d’un arbre souffreteux, rongé de chenilles. Derrière eux, Paris gronde, écrasé sous la chaleur de juillet ; le chemin de fer de ceinture siffle furieusement, tandis que, dans les terrains vagues, des industries louches em-