Page:Zola - Le Capitaine Burle et 5 autres nouvelles.djvu/240

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pêche de Coqueville, le Zéphir, le meilleur de beaucoup, tout neuf encore et solide à la mer. L’autre grand bateau, la Baleine, une patache pourrie, appartenait à Rouget, dont les matelots étaient Delphin et Fouasse, tandis que La Queue emmenait avec lui Tupain et Brisemotte. Ces derniers ne tarissaient pas en rires méprisants sur la Baleine, un sabot, disaient-ils, qui allait fondre un beau jour sous la vague comme une poignée de boue. Aussi, quand La Queue apprit que ce gueux de Delphin, le mousse de la Baleine, se permettait de rôder autour de sa fille, allongea-t-il deux claques soignées à Margot, histoire simplement de la prévenir que jamais elle ne serait la femme d’un Mahé. Du coup, Margot, furieuse, cria qu’elle passerait la paire de soufflets à Delphin, s’il se permettait de venir se frotter contre ses jupes. C’était vexant d’être calottée pour un garçon qu’elle ne regardait seulement jamais en face. Margot, forte à seize ans comme un homme et belle comme une dame, avait la réputation d’une personne méprisante, très dure aux amoureux. Et, là-dessus, sur cette histoire des deux claques, de l’audace de Delphin et de la colère de Margot, on doit comprendre les commérages sans fin de Coqueville.