Page:Zola - Le Capitaine Burle et 5 autres nouvelles.djvu/243

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avait pour les baisers. Coqueville était en révolution.

Dans le village, deux personnes seulement, le curé et le garde-champêtre, n’appartenaient ni aux Mahé ni aux Floche. Le garde-champêtre, un grand sec dont on ignorait le nom, mais qu’on appelait l’Empereur, sans doute parce qu’il avait servi sous Charles X, n’exerçait en réalité aucune surveillance sérieuse sur la commune, toute de rochers nus et de landes désertes. Un sous-préfet, qui le protégeait, lui avait créé là une sinécure, où il mangeait en paix de très petits appointements. Quant à l’abbé Radiguet, c’était un de ces prêtres simples d’esprit que les évêchés, désireux de s’en débarrasser, enterrent dans quelque trou perdu. Il vivait en brave homme, redevenu paysan, bêchant son étroit jardin conquis sur le roc, fumant sa pipe en regardant pousser ses salades. Son seul défaut était une gourmandise qu’il ne savait comment raffiner, réduit à adorer le maquereau et à boire du cidre plus parfois qu’il n’en pouvait contenir. Au demeurant, le père de ses paroissiens, qui venaient de loin en loin entendre une messe, pour lui être agréables.

Mais le curé et le garde-champêtre avaient dû prendre parti, après avoir longtemps réussi à