Page:Zola - Le Capitaine Burle et 5 autres nouvelles.djvu/242

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ment, si son père la voyait, il la giflerait encore. Ça ne pouvait pas durer. Mais elle avait beau jurer que Delphin aurait un jour la paire de gifles qu’elle lui avait promise, elle ne saisissait jamais l’instant de les lui appliquer, quand il était là : ce qui faisait dire au monde qu’elle ne devrait pas en tant parler, puisqu’elle gardait en fin de compte les gifles pour elle.

Personne, cependant, ne supposait qu’elle pût jamais être la femme de Delphin. On voyait, dans son cas, une faiblesse de fille coquette. Quant à un mariage entre le plus gueux des Mahé, un garçon qui n’avait pas six chemises pour entrer en ménage, et la fille du maire, l’héritière la plus riche des Floche, il aurait simplement paru monstrueux. Les méchantes langues insinuaient que, tout de même, elle pourrait bien aller avec lui, mais que pour sûr elle ne l’épouserait pas. Une fille riche prend du plaisir comme elle l’entend ; seulement, quand elle a de la tête, elle ne commet pas une sottise. Enfin, tout Coqueville s’intéressait à l’aventure, curieux de savoir de quelle façon les choses tourneraient. Delphin aurait-il ses deux gifles ? ou bien Margot se laisserait-elle baiser sur les joues, dans quelque trou de la falaise ? Il faudrait voir. Il y en avait pour les gifles et il y en