Page:Zola - Le Capitaine Burle et 5 autres nouvelles.djvu/252

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entre les mains, se cachant les yeux du bout des doigts, regardant fixement la barque se balancer sur les vagues avec plus de paresse, de l’air d’une barque bonne enfant qui aurait trop bu.

Pourtant, les suppositions allaient bon train. Peut-être que les trois hommes étaient tombés à l’eau ? Seulement, tous les trois à la fois, cela semblait drôle. La Queue aurait bien voulu faire croire que la Baleine avait crevé ainsi qu’un œuf pourri ; mais le bateau tenait encore la mer, on haussait les épaules. Puis, comme si les trois hommes avaient réellement péri, il se souvint qu’il était maire, et il parla des formalités.

Laissez donc ! s’écria l’Empereur. Est-ce qu’on meurt si bêtement ! S’ils étaient tombés, le petit Delphin serait déjà ici !

Tout Coqueville dut en convenir, Delphin nageait comme un hareng. Mais alors où les trois hommes pouvaient-ils être ? On criait : « Je te dis que si !… Je te dis que non !… Trop bête !… Bête toi-même ! » Et les choses en vinrent au point qu’on échangea des gifles. L’abbé Radiguet dut faire un appel à la conciliation, tandis que l’Empereur bousculait le monde pour rétablir l’ordre. Cependant, la barque sans se presser, continuait à danser devant le monde. Elle valsait, semblait se moquer des gens. La ma-