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Page:Zola - Le Capitaine Burle et 5 autres nouvelles.djvu/251

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Elle ne bougeait pas. Puis, tout d’un coup :

— Ah ! les voilà !

Il y eut un cri de surprise. Margot, avec ses bons yeux, jurait qu’elle ne voyait plus une âme dans la barque. Ni Rouget, ni Fouasse, ni personne ! La Baleine, comme abandonnée, courait sous le vent, virant de bord à chaque minute, se balançant d’un air paresseux. Une brise d’ouest s’était heureusement levée et la poussait vers la terre, mais avec des caprices singuliers, qui la ballottaient de droite et de gauche. Alors, tout Coqueville descendit sur la plage. Les uns appelaient les autres, il ne resta pas une fille dans les maisons pour soigner la soupe. C’était une catastrophe, quelque chose d’inexplicable dont l’étrangeté mettait les têtes à l’envers. Marie, la femme de Rouget, après un instant de réflexion, crut devoir éclater en larmes. Tupain ne réussit qu’à prendre un air affligé. Tous les Mahé se désolaient, tandis que les Floche tâchaient d’être convenables. Margot s’était assise, comme si elle avait eu les jambes cassées.

— Qu’est-ce que tu fiches encore ! cria La Queue, qui la rencontra sous ses pieds.

— Je suis lasse, répondit-elle simplement.

Et elle tourna son visage vers la mer, les joues