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Page:Zola - Le Capitaine Burle et 5 autres nouvelles.djvu/254

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morts. Au milieu d’eux, se trouvait un petit tonneau défoncé, quelque tonneau plein, rencontré en mer, et auquel ils avaient goûté. Sans doute c’était très bon, car ils avaient tout bu, sauf la valeur d’un litre qui avait coulé dans la barque et qui s’y était mêlé à de l’eau de mer.

— Ah ! le cochon ! cria brutalement la femme à Rouget, cessant de pleurnicher.

— Eh bien ! elle est propre, leur pêche ! dit La Queue, qui affectait un grand dégoût.

— Dame ! répondit l’Empereur, on pêche ce qu’on peut. Ils ont toujours pêché un tonneau, tandis que d’autres n’ont rien pêché du tout.

Le maire se tut, très vexé. Coqueville clabaudait. On comprenait, maintenant. Quand les barques sont soûles, elles dansent comme les hommes ; et celle-là, en vérité, avait de la liqueur plein le ventre. Ah ! la gredine, quelle cocarde ! Elle festonnait sur l’Océan, de l’air d’un pochard qui ne reconnaît plus sa maison. Et Coqueville riait et se fâchait, les Mahé trouvaient ça drôle, tandis que les Floche trouvaient ça dégoûtant. On entourait la Baleine, les cous s’allongeaient, les yeux s’écarquillaient, pour regarder dormir ces trois gaillards qui étalaient des mines de jubilation, sans se douter de la foule, penchée au-dessus d’eux. Les in-