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Page:Zola - Le Capitaine Burle et 5 autres nouvelles.djvu/255

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jures et les rires ne les troublaient guère. Rouget n’entendait pas sa femme l’accuser de tout boire. Fouasse ne sentait pas les coups de pied sournois dont son frère Tupain lui bourrait les côtes. Quant à Delphin, il était joli, lorsqu’il avait bu, avec ses cheveux blonds, sa mine rose, noyée d’un ravissement. Margot s’était levée, et, silencieuse elle contemplait à présent le petit d’un air dur.

— Faut les coucher ! cria une voix.

Mais, justement, Delphin ouvrait les yeux. Il promena des regards enchantés sur le monde. On le questionnait de toutes parts, avec une passion qui l’étourdissait un peu, d’autant plus qu’il était encore soûl comme une grive.

— Eh bien ! quoi ? bégaya-t-il, c’est un petit tonneau… Il n’y a pas de poisson. Alors, nous avons pris un petit tonneau.

Il ne sortit pas de là. À chaque phrase, il ajoutait simplement :

— C’était bien bon.

— Mais qu’y avait-il, dans le tonneau ? lui demandait-on rageusement.

— Ah ! je ne sais pas… C’était bien bon.

À cette heure, Coqueville brûlait de savoir. Tout le monde baissait le nez vers la barque, reniflant avec force. De l’avis unanime, ça sentait