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Page:Zola - Le Capitaine Burle et 5 autres nouvelles.djvu/256

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la liqueur ; seulement, personne ne devinait quelle liqueur. L’Empereur, qui se flattait d’avoir bu de tout ce dont un homme peut boire, dit qu’il allait voir ça. Il prit gravement, dans le creux de la main, un peu du liquide qui nageait au fond de la barque. La foule fit tout d’un coup silence. On attendait. Mais l’Empereur, après avoir humé une gorgée, hocha la tête, comme mal renseigné encore. Il goûta deux fois, de plus en plus embarrassé, l’air inquiet et surpris. Et il dut déclarer :

— Je ne sais pas… C’est drôle… S’il n’y avait pas d’eau de mer, je saurais sans doute… Ma parole d’honneur, c’est très drôle !

On se regarda. On restait frappé de ce que l’Empereur lui-même n’osait se prononcer. Coqueville considérait avec respect le petit tonneau vide.

— C’était bien bon, dit une fois encore Delphin, qui semblait se ficher des gens.

Puis, montrant la mer d’un geste large, il ajouta :

— Si vous en voulez, il y en a encore… J’en ai vu, des petits tonneaux… des petits tonneaux… des petits tonneaux…

Et il se berçait de ce refrain qu’il chantonnait, en regardant Margot doucement. Il venait seulement de l’apercevoir. Furieuse, elle fit le geste