Page:Zola - Le Capitaine Burle et 5 autres nouvelles.djvu/260

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maient toujours. On ne parvint à les mettre debout qu’à l’heure du déjeuner. Ils ne se souvenaient de rien, ils avaient simplement conscience de s’être régalés avec quelque chose d’extraordinaire, qu’ils ne connaissaient pas. L’après-midi, comme ils étaient tous les trois sur le port, l’Empereur essaya de les questionner, maintenant qu’ils avaient leur bon sens. Ça ressemblait peut-être à de l’eau-de-vie avec du jus de réglisse dedans ; ou bien, plutôt, on aurait dit du rhum, sucré et brûlé. Ils disaient oui, ils disaient non. D’après leurs réponses, l’Empereur soupçonna que c’était du ratafia ; mais il ne l’aurait pas juré. Ce jour-là, Rouget et ses hommes avaient trop mal aux côtes pour aller à la pêche. D’ailleurs, ils savaient que La Queue était sorti inutilement dans la matinée, et ils parlaient d’attendre le lendemain, avant de visiter leurs jambins. Tous les trois assis sur des blocs de pierre, ils regardaient la marée monter, le dos arrondi, la bouche pâteuse, dormant à moitié.

Mais, brusquement, Delphin s’éveilla. Il sauta sur la pierre, les yeux au loin, criant :

— Voyez donc, patron… là-bas !

— Quoi ? demanda Rouget qui s’étirait les membres.

— Un tonneau.