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Page:Zola - Le Capitaine Burle et 5 autres nouvelles.djvu/262

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pour descendre plus vite. Bientôt, comme la veille, le village entier fut sur la plage.

Margot s’était montrée un instant, puis elle avait regagné à toutes jambes la maison, où elle voulait prévenir son père, qui discutait un procès-verbal avec l’Empereur. Enfin, La Queue parut. Il était blême, il disait au garde-champêtre :

— Fichez-moi la paix !… C’est Rouget qui vous a envoyé pour m’amuser. Eh bien ! il ne l’aura pas, celui-là. Vous allez voir.

Lorsqu’il aperçut la Baleine à trois cents mètres, faisant force de rames vers le point noir qui se balançait au loin, sa fureur redoubla. Et il poussa Tupain et Brisemotte dans le Zéphir, il sortit du port à son tour, en répétant :

— Non, ils ne l’auront pas, je crèverais plutôt !

Alors, Coqueville eut un beau spectacle, une course enragée entre le Zéphir et la Baleine. Quand celle-ci vit l’autre quitter le port, elle comprit le danger, elle fila de toute sa vitesse. Elle pouvait avoir près de quatre cents mètres d’avance ; mais les chances restaient égales, car le Zéphir était autrement léger et rapide. Aussi l’émotion se trouvait-elle à son comble sur la plage. Les Mahé et les Floche avaient instinctivement formé deux groupes, suivant avec passion les péripéties de la