Page:Zola - Le Capitaine Burle et 5 autres nouvelles.djvu/267

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La liqueur était d’un beau jaune d’or. Le garde champêtre leva le verre, regarda, flaira, puis se décida à boire.

— Ça vient de Hollande, dit-il après un long silence.

Il ne donna aucun autre renseignement. Tous les Mahé burent avec respect. C’était un peu épais, et ils restaient surpris, à cause d’un goût de fleur. Les femmes trouvèrent ça très bon. Quant aux hommes, ils auraient préféré moins de sucre. Pourtant, au fond, ça finissait par être fort, au troisième ou au quatrième verre. Plus on en buvait, plus on l’aimait. Les hommes s’égayaient et les femmes devenaient drôles.

Mais l’Empereur, malgré ses récentes querelles avec le maire, était allé rôder dans le groupe des Floche. Le tonneau le plus grand donnait une liqueur d’un rouge foncé, tandis qu’on tirait du tout petit un liquide blanc comme de l’eau de roche ; et c’était celui-ci qui était le plus raide, un vrai poivre, quelque chose dont la langue pelait. Pas un des Floche ne connaissait ça, ni le rouge, ni le blanc. Il y avait pourtant là des malins. Ça les ennuyait de se régaler sans savoir avec quoi.

— Tenez ! l’Empereur, goûtez-moi ça, dit enfin La Queue, faisant ainsi le premier pas.