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Page:Zola - Le Capitaine Burle et 5 autres nouvelles.djvu/269

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Rouget et sa femme buvaient dans la même tasse. Quant à Margot, elle distribuait la liqueur, chez les Floche ; et, comme elle emplissait trop les verres, et que la liqueur lui coulait sur les doigts, elle se les suçait continuellement ; si bien que, tout en obéissant à son père qui lui défendait de boire, elle s’était grisée ainsi qu’une fille en vendange. Ça ne lui allait pas mal ; au contraire. Elle devenait toute rose, les yeux pareils à des chandelles.

Le soleil se couchait, la soirée était d’une douceur de printemps. Coqueville avait achevé les tonneaux et ne songeait pas à rentrer dîner. On se trouvait trop bien sur la plage. Quand il fit nuit noire, Margot, assise à l’écart, sentit quelqu’un lui souffler sur la nuque. C’était Delphin, très gai, marchant à quatre pattes, rôdant derrière elle comme un loup. Elle retint un cri pour ne pas donner l’éveil à son père, qui aurait envoyé un coup de pied dans le derrière à Delphin.

— Va-t’en, imbécile ! murmura-t-elle, moitié fâchée, moitié rieuse. Tu vas te faire prendre !