Page:Zola - Le Capitaine Burle et 5 autres nouvelles.djvu/27

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le peigne. Ce fut une indignation parmi les petits rentiers.

— Nom de Dieu ! filons, dit Laguitte en poussant Burle sur le trottoir. Si je reste, je les assomme tous, là dedans.

Dehors, pour traverser la place, ils eurent de l’eau jusqu’aux chevilles. La pluie, poussée par le vent, ruisselait sur leurs visages. Pendant que le capitaine marchait silencieux, le major se remit à lui reprocher sa « couillonnade », avec plus d’emportement. Un joli temps, n’est-ce pas ? pour courir les rues. S’il n’avait pas fait de bêtise, tous deux seraient chaudement dans leur lit, au lieu de patauger comme ça. Puis, il parla de Gagneux. Un gredin dont les viandes gâtées avaient par trois fois donné des coliques à tout le régiment ! C’était dans huit jours que finissait le marché passé avec lui. Du diable si, à l’adjudication, on accepterait son offre !

— Ça dépend de moi, je choisis qui je veux, grondait le major. J’aimerais mieux me couper un bras que de faire encore gagner un sou à cet empoisonneur !

Il glissa, entra dans un ruisseau jusqu’aux genoux ; et, la voix étranglée de jurons, il ajouta :

— Tu sais, je vais chez lui… Je monterai, tu