Page:Zola - Le Capitaine Burle et 5 autres nouvelles.djvu/272

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

haut des rochers, signalaient avec de grands gestes jusqu’aux moindres paquets d’algues roulés par la vague. Et, à toute heure, le Zéphir et la Baleine étaient prêts à partir. Ils sortaient, ils battaient le golfe, ils pêchaient aux tonneaux, comme on pêche au thon, dédaigneux maintenant des maquereaux tranquillisés, qui cabriolaient au soleil, et des soles paresseuses, bercées à fleur d’eau. Coqueville suivait la pêche, en crevant de rire sur le sable. Puis, le soir, on buvait la pêche.

Ce qui enthousiasmait Coqueville, c’était que les tonneaux ne cessaient pas. Quand il n’y en avait plus, il y en avait encore. Il fallait vraiment que le navire qui s’était perdu, eût une jolie cargaison à bord ; et Coqueville, devenu égoïste et gai, plaisantait ce navire naufragé, une vraie cave à liqueurs, de quoi soûler tous les poissons de l’Océan. Avec ça, jamais on ne pêchait un tonneau semblable ; il y en avait de toutes les formes, de toutes les grosseurs, de toutes les couleurs. Puis, à chaque tonneau, c’était un liquide différent. Aussi l’Empereur était-il plongé dans de profondes rêveries ; lui, qui avait bu de tout, il ne s’y reconnaissait plus. La Queue déclarait que jamais il n’avait vu un chargement pareil. L’abbé Radiguet croyait à une commande faite par quelque roi sauvage, voulant