Page:Zola - Le Capitaine Burle et 5 autres nouvelles.djvu/273

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monter sa cave. D’ailleurs, Coqueville ne cherchait plus à comprendre, bercé dans des griseries inconnues.

Les dames préféraient les crèmes : il y eût des crèmes de moka, de cacao, de menthe, de vanille. Marie Rouget but un soir tant d’anisette, qu’elle en fut malade. Margot et les autres demoiselles tapèrent sur le curaçao, la bénédictine, la trappistine, la chartreuse. Quant au cassis, il était réservé aux petits enfants. Naturellement, les hommes se réjouissaient davantage, lorsqu’on pêchait des cognacs, des rhums, des genièvres, tout ce qui emportait la bouche. Puis, des surprises se produisaient. Un tonneau de raki de Chio au mastic stupéfia Coqueville, qui crut être tombé sur un tonneau d’essence de térébenthine ; on le but tout de même, parce qu’il ne faut rien perdre ; mais on en parla longtemps. L’arack de Batavia, l’eau-de-vie suédoise au cumin, le tuica calugaresca de Roumanie, le sliwowitz de Serbie, bouleversèrent également toutes les idées que Coqueville se faisait de ce qu’on peut avaler. Au fond, il eut un faible pour le kummel et le kirsch, des liqueurs claires comme de l’eau et raides à tuer un homme. Était-il Dieu possible qu’on eût inventé tant de bonnes choses ! À Coqueville, on ne connaissait que l’eau-