Page:Zola - Le Capitaine Burle et 5 autres nouvelles.djvu/275

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ratafia ; en sept jours, il connut les colères du gin, les attendrissements du curaçao, les rires du cognac. Et Coqueville restait innocent comme l’enfant qui vient de naître, ne sachant rien de rien, buvant avec conviction ce que le bon Dieu lui envoyait.

Ce fut le vendredi que les Mahé et les Floche fraternisèrent. On était très gai, ce soir-là. Déjà, la veille, les distances s’étaient rapprochées, les plus gris avaient piétiné la butte de sable, qui séparait les deux groupes. Il ne restait qu’un pas à faire. Du côté des Floche, les quatre tonneaux se vidaient, tandis que les Mahé achevaient également leurs trois petits barils, juste trois liqueurs qui faisaient le drapeau français, une bleue, une blanche et une rouge. La bleue emplissait les Floche de jalousie, parce qu’une liqueur bleue leur paraissait une chose vraiment surprenante. La Queue, devenu bonhomme, depuis qu’il ne dessoûlait plus s’avança, un verre à la main, comprenant qu’il devait faire le premier pas, comme magistrat.

— Voyons, Rouget, bégaya-t-il, veux-tu trinquer ?

— Je veux bien, répondit Rouget, qui chancelait d’attendrissement.

Et ils tombèrent au cou l’un de l’autre. Alors,