Page:Zola - Le Capitaine Burle et 5 autres nouvelles.djvu/286

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nagé, Coqueville était mort. Il fallait prévenir la police. Cette catastrophe mystérieuse exaltait M. Mouchel, lorsque, ayant eu l’idée de descendre sur la plage, il poussa un cri. Au milieu du sable, la population entière gisait. Il crut à un massacre général. Mais des ronflements sonores vinrent le détromper. Dans la nuit du dimanche, Coqueville avait fait la fête si tard, qu’il s’était trouvé dans l’impossibilité absolue de rentrer se coucher. Alors, il avait dormi sur le sable, à la place même où il était tombé, autour des neuf tonneaux complètement bus.

Oui, tout Coqueville ronflait là ; j’entends les enfants, les femmes, les vieillards et les hommes. Pas un n’était debout. Il y en avait sur le ventre, il y en avait sur le dos ; d’autres se tenaient en chien de fusil. Comme on fait son lit, on se couche. Et les gaillards se trouvaient semés au petit bonheur de l’ivresse, pareils à une poignée de feuilles que le vent a roulées. Des hommes avaient culbuté, la tête plus basse que les talons. Des femmes montraient leurs derrières. C’était plein de bonhomie, un dortoir au grand air, des braves gens en famille qui se mettent à l’aise ; car, où il y a de la gêne, il n’y a pas de plaisir.

Justement on était à la nouvelle lune. Coqueville,