Page:Zola - Le Capitaine Burle et 5 autres nouvelles.djvu/325

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par la taille, nous le tenions ferme. Puis, dès que l’épave entra dans le courant, elle vint d’elle-même aborder contre notre toit, si rudement même, que nous eûmes peur un instant de la voir voler en éclats.

Gaspard avait hardiment sauté sur ce radeau que le hasard nous envoyait. Il le parcourait en tous sens, pour s’assurer de sa solidité, pendant que Pierre et Jacques le maintenaient au bord du toit ; et il riait, il disait joyeusement :

— Grand-père, nous voilà sauvés… Ne pleurez plus, les femmes !… Un vrai bateau. Tenez ! mes pieds sont à sec. Et il nous portera bien tous. Nous allons être comme chez nous, là-dessus !

Pourtant, il crut devoir le consolider. Il saisit les poutres qui flottaient, les lia avec des cordes, que Pierre avait emportées à tout hasard, en quittant les chambres du bas. Il tomba même dans l’eau ; mais, au cri qui nous échappa, il répondit par de nouveaux rires. L’eau le connaissait, il faisait une lieue de Garonne à la nage. Remonté sur le toit, il se secoua, en s’écriant :

— Voyons, embarquez, ne perdons pas de temps.

Les femmes s’étaient mises à genoux. Gaspard dut porter Véronique et Marie au milieu du radeau,