Page:Zola - Le Capitaine Burle et 5 autres nouvelles.djvu/335

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ma poitrine. Alors, il crut que je lui reprochais son égoïsme d’amoureux, il balbutia :

— Je reviendrai prendre Marie, je vous le jure. Je trouverai bien un bateau, j’organiserai un secours quelconque… Ayez confiance, grand-père.

Il ne conserva que son pantalon. Et, à demi-voix, rapidement, il adressait des recommandations à Véronique : elle ne se débattrait pas, elle s’abandonnerait sans un mouvement, elle n’aurait pas peur surtout. La jeune fille, à chaque phrase, répondait oui, d’un air égaré. Enfin, après avoir fait un signe de croix, bien qu’il ne fût guère dévot d’habitude, il se laissa glisser sur le toit, en tenant Véronique par une corde qu’il lui avait nouée sous les bras. Elle poussa un grand cri, battit l’eau de ses membres, puis, suffoquée, s’évanouit.

— J’aime mieux ça, me cria Gaspard. Maintenant, je réponds d’elle.

On s’imagine avec quelle angoisse je les suivis des yeux. Sur l’eau blanche, je distinguais les moindres mouvements de Gaspard. Il soutenait la jeune fille, à l’aide de la corde, qu’il avait enroulée autour de son propre cou ; et il la portait ainsi, à demi jetée sur son épaule droite. Ce poids écrasant l’enfonçait par moments ; pourtant, il avançait, nageant avec une force surhumaine. Je ne doutais