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Page:Zola - Le Capitaine Burle et 5 autres nouvelles.djvu/336

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plus, il avait déjà parcouru un tiers de la distance, lorsqu’il se heurta à quelque mur caché sous l’eau. Le choc fut terrible. Tous deux disparurent. Puis, je le vis reparaître seul ; la corde devait s’être rompue. Il plongea à deux reprises. Enfin, il revint, il ramenait Véronique, qu’il reprit sur son dos. Mais il n’avait plus de corde pour la tenir, elle l’écrasait davantage. Cependant, il avançait toujours. Un tremblement me secouait, à mesure qu’ils approchaient de l’église. Tout à coup, je voulus crier, j’apercevais des poutres qui arrivaient de biais. Ma bouche resta grande ouverte : un nouveau choc les avait séparés, les eaux se refermèrent.

À partir de ce moment, je demeurai stupide. Je n’avais plus qu’un instinct de bête veillant à sa conservation. Quand l’eau avançait, je reculais. Dans cette stupeur, j’entendis longtemps un rire, sans m’expliquer qui riait ainsi près de moi. Le jour se levait, une grande aurore blanche. Il faisait bon, très frais et très calme, comme au bord d’un étang dont la nappe s’éveille avant le lever du soleil. Mais le rire sonnait toujours ; et, en me tournant, je trouvai Marie, debout dans ses vêtements mouillés. C’était elle qui riait.

Ah ! la pauvre chère créature, comme elle était douce et jolie, à cette heure matinale ! Je la vis se