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Page:Zola - Le Capitaine Burle et 5 autres nouvelles.djvu/337

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baisser, prendre dans le creux de sa main un peu d’eau, dont elle se lava la figure. Puis, elle tordit ses beaux cheveux blonds, elle les noua derrière sa tête. Sans doute, elle faisait sa toilette, elle semblait se croire dans sa petite chambre, le dimanche, lorsque la cloche sonnait gaiement. Et elle continuait à rire, de son rire enfantin, les yeux clairs, la face heureuse.

Moi, je me mis à rire comme elle, gagné par sa folie. La terreur l’avait rendue folle, et c’était une grâce du ciel, tant elle paraissait ravie de la pureté de cette aube printanière.

Je la laissais se hâter, ne comprenant pas, hochant la tête tendrement. Elle se faisait toujours belle. Puis, quand elle se crut prête à partir, elle chanta un de ses cantiques de sa fine voix de cristal. Mais, bientôt, elle s’interrompit, elle cria, comme si elle avait répondu à une voix qui l’appelait et qu’elle entendait seule :

— J’y vais ! j’y vais !

Elle reprit son cantique, elle descendit la pente du toit, elle entra dans l’eau, qui la recouvrit doucement, sans secousse. Je n’avais pas cessé de sourire. Je regardais d’un air heureux la place où elle venait de disparaître.

Ensuite, je ne me souviens plus. J’étais tout seul