Page:Zola - Le Capitaine Burle et 5 autres nouvelles.djvu/39

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Emporte la caisse, et va la bouffer avec des actrices !

La pauvreté honteuse de ces vols l’indignait. En outre, il était furieux d’avoir été dupé de nouveau par ce moyen des additions fausses, si simple et si bête. Il se leva, il marcha pendant une heure dans son cabinet, hors de lui, ne sachant que faire, lâchant des phrases à voix haute.

— Décidément, c’est un homme toisé. Il faut agir… Je lui flanquerais une suée chaque matin, que ça ne l’empêcherait pas, tous les après-midi, de se coller dans le gousset sa pièce de trois francs… Mais, tonnerre de Dieu ! où mange-t-il ça ? Il ne sort plus, il se couche à neuf heures, et tout paraît si honnête, si gentil chez eux !… Est-ce que le cochon a encore des vices qu’on ne lui connaît pas ?

Il se remit à son bureau, additionna les sommes soustraites, qui montaient à cinq cent quarante-cinq francs. Où prendre cet argent ? L’inspection justement approchait ; il suffisait que ce maniaque de colonel s’avisât de refaire une addition, pour que le pot aux roses fût découvert. Cette fois, Burle était fichu.

Cette idée calma le major. Il ne jurait plus, il restait glacé, avec l’image de madame Burle toute droite et désespérée devant lui. En même temps, il