Page:Zola - Le Capitaine Burle et 5 autres nouvelles.djvu/41

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il ne lui dit rien, résolu à savoir la vérité d’abord.

Le bureau ne sentait pas la coquinerie. Devant la table de bois noir, il y avait, sur le fauteuil canné du capitaine, un honnête rond de cuir ; et, dans un coin, la caisse était solidement fermée, sans une fente. L’été venait, un chant de serin entrait par une fenêtre. C’était très en ordre, les cartons exhalaient une odeur de vieux papiers, qui inspirait la confiance.

— N’est-ce pas cette carcasse de Mélanie qui sortait comme j’entrais ? demanda Laguitte.

Burle haussa les épaules, en murmurant :

— Oui… Elle est encore venue me tanner pour que je lui donne deux cents francs… Pas dix francs, pas dix sous !

— Tiens ! reprit l’autre voulant le sonder, on m’avait dit que tu la revoyais.

— Moi !… Ah ! non par exemple ! j’en ai assez, de tous ces chameaux-là !

Laguitte se retira, très perplexe. À quoi avaient bien pu passer les cinq cent quarante-cinq francs ? Est-ce que le brigand, après les femmes, aurait tâté du vin et du jeu ? Il se promit de surprendre Burle chez lui, le soir même ; peut-être, en le faisant causer et en questionnant sa mère, arriverait-il à connaître la vérité. Mais, l’après-midi, il souf-