Page:Zola - Le Capitaine Burle et 5 autres nouvelles.djvu/42

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

frit cruellement de sa jambe ; depuis quelque temps, ça n’allait plus du tout, il avait dû se résigner à se servir d’une canne, pour ne pas boiter trop violemment. Cette canne le désespérait ; comme il le disait avec une rage désolée, maintenant il était dans les invalides. Pourtant, le soir, par un effort de volonté, il se leva de son fauteuil ; et, s’abandonnant sur sa canne dans la nuit noire, il se traîna rue des Récollets. Neuf heures sonnaient, quand il y arriva. En bas, la porte de la rue était entr’ouverte. Il soufflait sur le palier du troisième étage, lorsqu’un bruit de voix, à l’étage supérieur, le surprit. Il avait cru reconnaître la voix de Burle. Par curiosité, il monta. Au fond d’un couloir, à gauche, une porte laissait passer une raie de lumière ; mais, au craquement de ses bottes, la porte se referma, et il se trouva dans une obscurité profonde.

— C’est idiot ! pensa-t-il. Quelque cuisinière qui se couche.

Pourtant, il vint le plus doucement possible coller son oreille contre la porte. Deux voix causaient. Il resta béant. C’étaient ce cochon de Burle et ce monstre de Rose.

— Tu m’avais promis trois francs, disait rudement la petite bonne. Donne-moi trois francs.