Page:Zola - Le Capitaine Burle et 5 autres nouvelles.djvu/46

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Un instant, le major s’attendrit. Si encore il avait eu les cinq cent quarante-cinq francs ; mais pas un liard ! La veille, à la pension, après s’être grisé de cognac comme un sous-lieutenant, il avait pris une culotte abominable. C’était bien fait, s’il traînait la jambe ! Il aurait mérité d’en crever !

Alors, il laissa les deux vaches faire dodo. Il descendit et sonna chez madame Burle. Au bout de cinq grandes minutes, ce fut la vieille dame qui vint ouvrir elle-même.

— Je vous demande pardon, dit-elle. Je croyais que cette marmotte de Rose était encore là… Il faut que j’aille la secouer dans son lit.

Le major la retint.

— Et Burle ? demanda-t-il.

— Oh ! lui, ronfle depuis neuf heures… Voulez-vous frapper à la porte de sa chambre ?

— Non, non… Je désire seulement vous dire un petit bonsoir.

Dans la salle à manger, Charles, devant la table, à sa place ordinaire, venait d’achever sa version. Mais il avait l’air terrifié, et ses pauvres mains blanches tremblaient. Sa grand’mère, avant de l’envoyer se coucher, lui lisait des récits de bataille, pour développer en lui l’héroïsme de la famille. Ce soir-là, l’histoire du Vengeur, ce vais-