Page:Zola - Le Capitaine Burle et 5 autres nouvelles.djvu/71

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journée est prise par l’embaumement ; les portes sont fermées, l’embaumeur est seul avec ses aides. Lorsqu’on descend le comte, le lendemain, et qu’on l’expose, il est en habit, il a une fraîcheur de jeunesse.

Dès neuf heures, le matin des obsèques, l’hôtel s’emplit d’un murmure de voix. Le fils et le gendre du défunt, dans un salon du rez-de-chaussée, reçoivent la cohue ; ils s’inclinent, ils gardent une politesse muette de gens affligés. Toutes les illustrations sont là, la noblesse, l’armée, la magistrature ; il y a jusqu’à des sénateurs et des membres de l’Institut.

À dix heures enfin, le convoi se met en marche pour se rendre à l’église. Le corbillard est une voiture de première classe, empanachée de plumes, drapée de tentures à franges d’argent. Les cordons du poêle sont tenus par un maréchal de France, un duc vieil ami du défunt, un ancien ministre et un académicien. Roger de Verteuil et M. de Bussac conduisent le deuil. Ensuite, vient le cortège, un flot de monde ganté et cravaté de noir, tous des personnages importants qui soufflent dans la poussière et marchent avec le piétinement sourd d’un troupeau débandé.

Le quartier ameuté est aux fenêtres ; des gens