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Page:Zola - Le Capitaine Burle et 5 autres nouvelles.djvu/72

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font la haie sur les trottoirs, se découvrent et regardent passer avec des hochements de tête le corbillard triomphal. La circulation est interrompue par la file interminable des voitures de deuil, presque toutes vides ; les omnibus, les fiacres, s’amassent dans les carrefours ; on entend les jurons des cochers et les claquements des fouets. Et, pendant ce temps, la comtesse de Verteuil, restée chez elle, s’est enfermée dans son appartement, en faisant dire que les larmes l’ont brisée. Étendue sur une chaise longue, jouant avec le gland de sa ceinture, elle regarde le plafond, soulagée et rêveuse.

À l’église, la cérémonie dure près de deux heures. Tout le clergé est en l’air ; depuis le matin, on ne voit que des prêtres affairés courir en surplis, donner des ordres, s’éponger le front et se moucher avec des bruits retentissants. Au milieu de la nef tendue de noir, un catafalque flamboie. Enfin, le cortège s’est casé, les femmes à gauche, les hommes à droite ; et les orgues roulent leurs lamentations, les chantres gémissent sourdement, les enfants de chœur ont des sanglots aigus ; tandis que, dans des torchères, brûlent de hautes flammes vertes, qui ajoutent leur pâleur funèbre à la pompe de la cérémonie.