Page:Zola - Le Capitaine Burle et 5 autres nouvelles.djvu/75

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— N’est-ce pas ? la réunion des actionnaires est pour après-demain… On veut me nommer du comité. Je suis si occupé, je ne sais si je pourrai.

Le cortège, depuis un instant, suit une avenue. Une ombre fraîche tombe des arbres, et les gaietés du soleil chantent dans les verdures. Tout d’un coup, une dame étourdie, qui se penche à une portière, laisse échapper :

— Tiens ! c’est charmant par ici !

Justement, le convoi entre dans le cimetière Montparnasse. Les voix se taisent, on n’entend plus que le grincement des roues sur le sable des allées. Il faut aller tout au bout, la sépulture des Verteuil est au fond, à gauche : un grand tombeau de marbre blanc, une sorte de chapelle, très ornée de sculptures. On pose le cercueil devant la porte de cette chapelle, et les discours commencent.

Il y en a quatre. L’ancien ministre retrace la vie politique du défunt, qu’il présente comme un génie modeste, qui aurait sauvé la France, s’il n’avait pas méprisé l’intrigue. Ensuite, un ami parle des vertus privées de celui que tout le monde pleure. Puis, un monsieur inconnu prend la parole comme délégué d’une Société industrielle, dont le comte de Verteuil était président honoraire. Enfin, un petit homme à mine grise dit les regrets de