Page:Zola - Le Capitaine Burle et 5 autres nouvelles.djvu/85

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nèbre. La nuit, ils se relaient et veillent chacun à son tour avec la religieuse. Dans la chambre, dont les rideaux sont tirés, la morte est restée étendue au milieu du lit, la tête roide, les mains croisées, un crucifix d’argent sur la poitrine. À côté d’elle, brûle un cierge. Un brin de buis trempe au bord d’un vase plein d’eau bénite. Et la veillée s’achève dans le frisson du matin. La religieuse demande du lait chaud, parce qu’elle n’est pas à son aise.

Une heure avant le convoi, l’escalier s’emplit de monde. La porte cochère est tendue de draperies noires, à frange d’argent. C’est là que le cercueil est exposé, comme au fond d’une étroite chapelle, entouré de cierges, recouvert de couronnes et de bouquets. Chaque personne qui entre prend un goupillon dans un bénitier, au pied de la bière, et asperge le corps. À onze heures, le convoi se met en marche. Les fils de la défunte conduisent le deuil. Derrière eux, on reconnaît des magistrats, quelques grands industriels, toute une bourgeoisie grave et importante, qui marche à pas comptés, avec des regards obliques sur les curieux arrêtés le long des trottoirs. Il y a, au bout du cortège, douze voitures de deuil. On les compte, on les remarque beaucoup dans le quartier.

Cependant, les assistants s’apitoyent sur Charles,