Page:Zola - Le Capitaine Burle et 5 autres nouvelles.djvu/86

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Georges et Maurice, en habit, gantés de noir, qui marchent derrière le cercueil, la tête basse, le visage rougi de larmes. Du reste, il n’y a qu’un cri : ils enterrent leur mère d’une façon très convenable. Le corbillard est de troisième classe, on calcule qu’ils en auront pour plusieurs milliers de francs. Un vieux notaire dit avec un fin sourire :

— Si madame Guérard avait payé elle-même son convoi, elle aurait économisé six voitures.

À l’église, la porte est tendue, les orgues jouent, l’absoute est donnée par le curé de la paroisse. Puis, quand les assistants ont défilé devant le corps, ils trouvent à l’entrée de la nef les trois fils rangés sur une seule file, placés là pour recevoir les poignées de main des assistants qui ne peuvent aller jusqu’au cimetière. Pendant dix minutes, ils ont le bras tendu, ils serrent des mains sans même reconnaître les gens, mordant leurs lèvres, rentrant leurs larmes. Et c’est un grand soulagement pour eux, lorsque l’église est vide et qu’ils reprennent leur marche lente derrière le corbillard.

Le caveau de famille des Guérard est au cimetière du Père-Lachaise. Beaucoup de personnes restent à pied, d’autres montent dans les voitures de deuil. Le cortège traverse la place de