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Page:Zola - Le Capitaine Burle et 5 autres nouvelles.djvu/94

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les affaires. Elle est sûre que les commis regardent passer le monde, elle lui répète :

— Descends, mon ami, je n’ai besoin de rien, je t’assure. Et n’oublie pas de t’approvisionner de registres, parce que voilà la rentrée des classes, et que nous en manquerions.

Longtemps, elle s’abuse sur son véritable état. Elle espère toujours se lever le lendemain et reprendre sa place au comptoir. Elle fait même des projets : si elle peut sortir bientôt, ils iront passer un dimanche à Saint-Cloud. Jamais elle n’a eu un si gros désir de voir des arbres. Puis, tout d’un coup, un matin, elle devient grave. Dans la nuit, toute seule, les yeux ouverts, elle a compris qu’elle allait mourir. Elle ne dit rien jusqu’au soir, réfléchit, les regards au plafond. Et, le soir, elle retient son mari, elle cause tranquillement, comme si elle lui soumettait une facture.

— Écoute, dit-elle, tu iras chercher demain un notaire. Il y en a un près d’ici, rue Saint-Lazare.

— Pourquoi un notaire ? s’écrie M. Rousseau, nous n’en sommes pas là, bien sûr !

Mais elle reprend de son air calme et raisonnable :

— Possible ! Seulement, cela me tranquillisera,