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Page:Zola - Le Capitaine Burle et 5 autres nouvelles.djvu/98

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pauvre femme blanche et raide, le nez pincé davantage, la face si diminuée, qu’il la reconnaît à peine. Agathe reste les yeux secs. Elle a pris le meilleur fauteuil, elle promène lentement ses regards dans la chambre, comme si elle dressait un inventaire minutieux des meubles qui la garnissent. Jusque-là, elle n’a pas soulevé la question des intérêts, mais il est visible qu’elle est très anxieuse et qu’elle doit se demander s’il existe un testament.

Le matin des obsèques, au moment de la mise en bière, il arrive que les pompes funèbres se sont trompées et ont envoyé un cercueil trop court. Les croque-morts doivent aller en chercher un autre. Cependant, le corbillard attend devant la porte, le quartier est en révolution. C’est là une nouvelle torture pour M. Rousseau. Si encore ça ressuscitait sa femme, de la garder si longtemps ! Enfin, on descend la pauvre madame Rousseau, et le cercueil ne reste exposé que dix minutes en bas, sous la porte, tendue de noir. Une centaine de personnes attendent dans la rue, des commerçants du quartier, les locataires de la maison, les amis du ménage, quelques ouvriers en paletot. Le cortège part, M. Rousseau conduit le deuil.

Et, sur le passage du convoi, les voisines font