Page:Zola - Le Capitaine Burle et 5 autres nouvelles.djvu/99

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un signe de croix rapide, en parlant à voix basse. C’est la papetière, n’est-ce pas ? cette petite femme si jaune, qui n’avait plus que la peau et les os. Ah bien ! elle sera mieux dans la terre ! Ce que c’est que de nous pourtant ! des commerçants très à leur aise, qui travaillaient pour prendre du plaisir sur leurs vieux jours ! Elle va en prendre maintenant, du plaisir, la papetière ! Et les voisines trouvent M. Rousseau très bien, parce qu’il marche derrière le corbillard, tête nue, tout seul, pâle et ses rares cheveux envolés dans le vent.

En quarante minutes, à l’église, les prêtres bâclent la cérémonie. Agathe, qui s’est assise au premier rang, semble compter les cierges allumés. Sans doute, elle pense que son beau-frère aurait pu y mettre moins d’ostentation ; car, enfin, s’il n’y a pas de testament et qu’elle hérite de la moitié de la fortune, elle devra payer sa part du convoi. Les prêtres disent une dernière oraison, le goupillon passe de main en main, et l’on sort. Presque tout le monde s’en va. On a fait avancer les trois voitures de deuil, dans lesquelles des dames sont montées. Derrière le corbillard, il ne reste que M. Rousseau, toujours tête nue, et une trentaine de personnes, les amis qui n’osent s’esquiver. Le corbillard est simplement orné d’une draperie