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Page:Zola - Le Naturalisme au théâtre, Charpentier, 1881.djvu/117

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entre l’individualité des écrivains et le progrès des lettres. J’accorde qu’en tous temps, avec les formules les plus fausses, au milieu des conventions les plus ridicules, le génie a laissé des monuments impérissables. Mais il faut qu’on m’accorde ensuite que les époques se transforment, que la loi de ce mouvement paraît être un besoin constant de mieux voir et de mieux rendre. En somme, l’individualité est comme la graine qui tombe dans tel ou tel terrain ; sans elle pas de plante, elle est la vie ; mais le terrain a aussi son importance, car c’est lui qui va déterminer, par sa nature, les façons d’être de la plante.

Je me suis toujours prononcé pour l’individualité. Elle est l’unique force. Cependant, nous n’irions pas loin dans nos études critiques, si nous voulions l’abstraire de l’époque où elle se produit. Nous sommes tout de suite forcés d’en arriver à l’étude du terrain. C’est cette étude du terrain qui m’intéresse, parce qu’elle m’apparaît pleine d’enseignements. Puis, nous nous trouvons ici dans un domaine qui devient de jour en jour scientifique. Si on laisse l’individualité de côté pour la reprendre et l’étudier chaque fois qu’elle se produira ; si on se borne à examiner, par exemple, l’histoire des conventions au théâtre : on reste frappé de cette loi constante dont je viens de parler, de ce lent progrès vers toutes les vérités. Cela est indéniable.

Je ne fais qu’indiquer à larges traits un plan général. Prenez les décors : c’est d’abord des toiles pendues à des cordes ; c’est ensuite les compartiments des Mystères, puis un même décor pour toutes les pièces, puis un décor fait en vue de chaque œuvre, puis une recherche de plus en plus marquée de