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Page:Zola - Le Naturalisme au théâtre, Charpentier, 1881.djvu/175

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trouvé un plus sérieux, car celui-là, en vérité, me gâte toute l’histoire.

Ainsi, voilà madame Sarah Bernhardt qui s’est donné tous les torts. Seulement, il faut examiner la responsabilité de la presse et du public. Elle n’a aucun talent, dites-vous ? Alors pourquoi l’avez-vous grisée pendant huit ans ? C’est vous qui l’avez faite, c’est vous qui l’avez poussée à cette susceptibilité nerveuse, qui vous semble extraordinaire. Vous gâtez les femmes, puis vous les tuez. Celle-là nous ennuie, à une autre ! Aucune mesure, ni dans les éloges, ni dans la critique. Lorsque vous avez mis une comédienne dans les astres, vous la jetez d’un coup de poing dans l’égout ; et vous vous étonnez que cette machine délicate se détraque. Ah ! peuple de polichinelles ! C’est pour cela qu’il vaut mieux t’avoir contre soi, parce qu’au moins on n’a plus à craindre que ta tendresse.

Et comment voulez-vous que les journaux gardent la mesure, lorsqu’un maître du théâtre contemporain tel que M. Emile Augier perd lui-même toute logique ? Je dirai jusqu’au bout ce que je pense, puisque me voilà lancé. On nous a raconté comme quoi M. Augier avait insisté auprès de M. Perrin pour donner le rôle de Clorinde à madame Sarah Bernhardt ; M. Perrin aurait préféré madame Croizette ; mais l’auteur exigeait madame Sarah Bernhardt, dont le talent sans doute lui semblait préférable. Dès lors, quelle est notre stupeur de lire, dans la lettre écrite par M. Augier, ces deux phrases que je détache : « Je maintiens qu’elle a joué aussi bien qu’à son ordinaire, avec les mêmes défauts et les mêmes qualités, où l’art n’a rien à voir… Soyons donc indulgents pour cette