Page:Zola - Le Naturalisme au théâtre, Charpentier, 1881.djvu/22

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

condamnation de la formule romantique se résume dans cette parole sévère : pour détruire une rhétorique, il ne fallait pas en inventer une autre.

Aujourd’hui donc, tragédie et drame romantique sont également vieux et usés. Et cela n’est guère en l’honneur du drame, il faut le dire, car en moins d’un demi-siècle il est tombé dans le même état de vétusté que la tragédie, qui a mis deux siècles à vieillir. Le voilà par terre à son tour, culbuté par la passion même qu’il a montrée dans la lutte. Plus rien n’existe. Il est simplement permis de deviner ce qui va se produire. Logiquement, sur le terrain libre conquis en 1830, il ne peut pousser qu’une formule naturaliste.


II

Il semble impossible que le mouvement d’enquête et d’analyse, qui est le mouvement même du dix-neuvième siècle, ait révolutionné toutes les sciences et tous les arts, en laissant à part et comme isolé l’art dramatique. Les sciences naturelles datent de la fin du siècle dernier ; la chimie, la physique n’ont pas cent ans ; l’histoire et la critique ont été renouvelées, créées en quelque sorte après la Révolution ; tout un monde est sorti de terre, on en est revenu à l’étude des documents, à l’expérience, comprenant que pour fonder à nouveau, il fallait reprendre les choses au commencement, connaître l’homme et la nature, constater ce qui est. De là, la grande école naturaliste, qui s’est propagée sourdement, fatalement, cheminant souvent dans l’ombre, mais avanç