Page:Zola - Le Naturalisme au théâtre, Charpentier, 1881.djvu/225

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ce dont il s’agissait, lorsque Georges lui a dit que Valentin était marié ? Puisqu’elle connaissait le vol, elle devait se douter tout de suite de l’obstacle qui se présentait. » Elle n’a pas parlé alors et l’on s’étonne qu’elle parle plus tard. Au théâtre, toute scène qui n’est point préparée, détonne et peut même avoir de fâcheuses conséquences.

Il n’y a là qu’un défaut de construction. Je pourrais indiquer des invraisemblances. Ainsi, on voit rôder dans l’étude le clerc du notaire, Pigalou, un gredin qui a volé autrefois un curé et qui est menacé par un complice, dupé dans le partage ; s’il ne donne pas immédiatement trois mille francs à ce complice, il sera dénoncé par lui. Or, Pigalou a appris la faute de Valentin, et dans une scène fort originale, violente et invraisemblable, il le traite en camarade et veut le forcer à voler les trois mille francs au notaire Suchot. C’est surtout dans cette scène qu’on peut surprendre le procédé de M. Catulle Mendès. Il se moque des vérités ambiantes, il va droit dans ce qu’il croit être la vérité absolue. De là un manque d’équilibre qui a failli faire siffler la scène.

J’insiste, parce que cette question de détail me paraît caractéristique. A la répétition générale, la scène m’avait beaucoup frappé. Je prévoyais bien qu’elle ne marcherait pas facilement, mais je la trouvais hardie et d’une belle allure. Elle est pleine de mots excellents, et n’a qu’un défaut, celui de tourner un peu trop sur elle-même. D’ailleurs, ce que j’avais prévu est arrivé : le public n’a pas compris l’intention de M. Catulle Mendès, qui est de montrer les conséquences fatales et ignominieuses d’une première faute. Je suis persuadé que