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Page:Zola - Le Naturalisme au théâtre, Charpentier, 1881.djvu/230

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XIV errer la nuit dans les rues de Paris, en se tordant les bras, comme deux locataires louches que le patron de quelque garni a flanqués à la porte ! ajoutez que Coq-Hardy survient, qu’il démolit une maison afin de construire une barricade, et qu’il se retranche avec Louis XIV derrière cette barricade, d’où ils opèrent tous les deux des sorties pour tuer deux ou trois douzaines d’hommes. Quel cerveau a jamais inventé des folies plus extravagantes ? Cela me donne froid au dos, me glace de ce petit frisson de peur et de honte que j’ai parfois éprouvé en face des infirmités humaines.

Il y a encore une scène incroyable que je veux signaler. Anne d’Autriche a chargé le capitaine Coq-Hardy de négocier avec le grand Condé, qui revient de Lens chargé de gloire. Jolie situation, invention ingénieuse et d’une vraisemblance étonnante. Alors, le capitaine parle en maître à Condé. Il le subjugue, le rend petit garçon, l’écrase devant toute la salle qui applaudit. Et, lorsque Condé ose demander une parole, le capitaine lui répond à peu près ceci :

—Vous avez la mienne !

Rien de plus royal. Voyez vous ce routier se promenant avec des blancs-seings de la reine, faisant la leçon aux grands capitaines, donnant sa parole avec des gestes de matamore ! C’est de la farce lugubre.

D’ailleurs, il est inutile de discuter. Un drame historique, bâti sur ce plan, ne soutient pas la discussion. Toutes les démences s’y abattent. Il serait impossible de prendre un personnage et de l’analyser, sans voir tout de suite qu’on a une marionnette dans les mains. Ainsi, je ne connais pas de figure plus décourageante que la duchesse, cette femme qui trompe son mari qui se